A chacune et à chacun, à tous je voudrais demander pardon en mon nom et
au nom tous pour les offenses conscients ou inconscients que nous avons
faites aux uns et aux autres.Aux membres du
nouveau bureau, aux présidents des commissions et aux coordonnateurs de
districts je souhaite
paix, santé et une grâce abondante pour faire face aux défit qui nous
attendent. Puisse l'Esprit toujours nous combler de ses dons pour qu'au
service de nos sœurs et frères et de l'Eglise nous contribuions à
l'épanouissement de chacune et de chacun et à notre propre
épanouissement.
Encore grand merci à chacun du fond du cœur.
Fraternellement !
LE PRESIDENT
Prosper Youm
"Les chrétiens sont dans le monde sans être du monde, ils
s'y trouvent comme l'âme dans le corps"
De nombreux témoignages l'attestent depuis les
Actes des Apôtres, jusqu'aux grandes encycliques sociales de la fin
du 19ème siècle, en passant par la lettre à Diognète (2ème s.) "les
chrétiens sont dans le monde sans être du monde, ils s'y trouvent
comme l'âme dans le corps" ; ils sont acteurs de transformations
sociales au risque parfois de provoquer des incidents de frontières
entre leur conception de la vie humaine et les projets de la société
qu'ils contribuent à construire avec leurs contemporains.
A partir de la confrontation entre l'Evangile et les différentes
manières de vivre selon les époques, s'est élaborée peu à peu au
cours des âges, ce qu'il est convenu d'appeler une pensée, une
doctrine sociale de l'Eglise.
Elle apparaît comme une sagesse qui actualise l'Evangile et offre
des repères au service des hommes et femmes d'aujourd'hui. En ce
sens sa tache n'est jamais achevée. L'Eglise scrute en permanence
les signes des temps, elle observe de l'intérieur de la société les
sujets les plus complexes, elle tente de discerner ce qui respectera
le mieux le dessein de Dieu et la dignité de la personne humaine. Mgr Bernard Podvin :
« La famille n'est pas une notion extensible à l'infini »
Nous pensons que la famille
n'est pas une notion extensible à l'infini puisqu'elle est le lieu
de la naissance et de la filiation, le lieu où les enfants naissent
et sont éduqués (l'adoption relaie la naissance et entre dans ce
modèle). Dès lors, les liens familiaux ne sont pas d'ordre
contractuel, ils ne sont pas malléables à merci. La psychologie a
montré avec précision tout ce qu'un enfant doit, pour sa croissance
intime, à sa relation à son père et à sa mère, c'est-à-dire aux deux
êtres dont il a reçu la vie. La relation d'enfantement et de
filiation est tout à fait spécifique, impliquant une responsabilité
sans équivalent.
Le tiers qui intervient dans cette relation, comme nouveau compagnon
ou époux d'un des deux parents, est d'abord vécu comme un
concurrent. Il est évident que le travail social aidera cette
personne à assumer une partie des rôles parentaux et à vivre des
relations apaisées avec les enfants. En fait, par la loi de mars
2002, elle peut déjà se voir attribuer une délégation d'autorité
parentale pour les actes de la vie courante. Mais le rôle n'est pas
la fonction.
Définir un lien de parenté entre l'enfant et le nouveau compagnon du
père ou de la mère affaiblira le lien qui unit l'enfant à son autre
parent d'origine, voire à le concurrencer douloureusement. Derrière
cette soi-disant "défense de l'enfant" se tient surtout la défense
de l'intérêt des adultes qui souhaiteraient voir le corps social
valider la précarité de leur vie conjugale. On peut dès lors se
demander combien de fois le processus pourrait se répéter et à
combien de figures parentales l'enfant serait confronté. Il est
étonnant que l'on se soucie de donner un statut civil au lien entre
le nouveau compagnon et l'enfant alors que l'on se désintéresse de
ce statut lorsque la relation est le concubinage.
Mgr Bernard Podvin
Porte parole de la Conférence des Evêques de France
De la création d’Israël à sa reconnaissance par le Vatican : long
cheminement ou révolution à pas de géants ?
par Catherine Dupeyron
Les uns diront que l’Eglise catholique a tardé à reconnaître l’Etat
d’Israël, la signature de l’accord fondamental de 1993 intervenant
près d’un demi siècle après la naissance de l’Etat hébreu. Les
autres souligneront au contraire qu’à l’échelle du rythme de la
diplomatie vaticane et au regard de la théologie de la substitution
de la Nouvelle alliance sur celle avec le peuple d’Israël qui l’a
emporté pendant des siècles, l’Eglise a marché à pas de géants et
accompli une véritable révolution, laquelle n’est d’ailleurs pas
nécessairement assimilée par tous les catholiques.
Le chemin vers la reconnaissance de l’Etat d’Israël par le Vatican a
connu deux étapes déterminantes marquées par deux papes qui
laisseront ainsi une empreinte majeure dans l’histoire de l’Eglise
catholique. Il y eut d’abord le concile de Vatican II et la
déclaration de Nostra Aetate initiés par Jean XXIII. Puis quelques
trente années plus tard, les négociations entre Israéliens et
Palestiniens aboutissant aux accords d’Oslo offrirent au pape Jean
Paul II l’occasion de donner le feu vert pour signer l’accord
fondamental.
Nostra Aetate : un « tremplin pour les relations entre les deux pays
» Nostra Aetate, ce texte de 1965, marque un changement majeur de
l’Eglise catholique à l’égard des juifs en mettant fin à la théorie
du peuple juif déïcide. « Nostra Aetate a constitué un tremplin pour
le dialogue interreligieux, mais aussi pour les relations entre les
deux pays » confiait Tsvi Tal directeur des affaires religieuses au
ministère des affaires étrangères alors que l’Etat d’Israël fêtait
dignement le quarantième anniversaire de Nostra Aetate. Jean XXIII,
initiateur du Concile Vatican II et de Nostra Aetate, était
favorable à la reconnaissance de l’Etat d’Israël. Mais il meurt en
1963, trop tôt pour voir aboutir les travaux du Concile et mener à
bien un processus de négociations avec le jeune Etat hébreu. Son
successeur, Paul VI, est plus équivoque sur le sujet. Lorsqu’il se
rend en Terre Sainte, le Premier pape à entreprendre ce voyage en
janvier 1964, il évite soigneusement de prononcer le mot Israël et
rend un hommage appuyé non à Jean XXIII, ami incontesté des Juifs,
mais à son prédécesseur Pie XII (1939-1958), dont le rôle, durant
les années noires de la Shoah, est sujet à controverse. La Guerre
des Six Jours en juin 1967 et surtout les conséquences de la
victoire d’Israël à savoir l’occupation de la Cisjordanie et de
Gaza, gèlent durablement toute reconnaissance formelle. En réalité,
cet obstacle politique cache des raisons plus anciennes et plus
profondes qui avaient d’ailleurs failli faire échouer la rédaction
de Nostra Aetate. Selon le Père Marcel Dubois, dominicain, qui fut
chef du département de philosophie à l’université hébraïque de
Jérusalem, l’absence prolongée de relations diplomatiques entre
Israël et le Saint-Siège est liée à la tradition politique et
diplomatique prudente du Vatican et à « une raison d’ordre
théologique qui est sans doute la plus profonde ». « Il était
difficile, à l’époque et sans doute l’est-il encore, de percevoir
que le lien entre l’histoire d’Israël et la terre de la Bible est un
élément de l’identité juive. (…) Il est certain que, dès son origine,
l’idée sioniste suscita la réserve de l’opinion catholique, tant au
plan des églises arabes qu’au niveau de l’autorité romaine. »
Fondamentalement, la création de l’Etat d’Israël pose au Vatican en
particulier et aux Eglises en général un problème théologique
profond. Cette existence est en contradiction majeure avec
l’enseignement multi-séculaire de l’Eglise, selon lequel, l’exil des
Juifs est leur punition pour ne pas avoir su reconnaître le Messie
dans la personne de Jésus. Comment, dans ces conditions, interpréter
ce retour ? L’Eglise se serait-elle donc trompée ?
Jean-Paul II s’engouffre dans la brèche Au début des années 90, le
ton du Saint-Siège évolue. La Conférence de Madrid (oct.91) et les
Accords d’Oslo (sept.93), consacrant l’existence d’un dialogue entre
Israéliens et Palestiniens, ont permis au Vatican d’accélérer et de
formaliser la reconnaissance de l’Etat d’Israël, l’évolution du
Vatican est perceptible avant même la Conférence de Madrid. Dès
janvier 1991, le porte-parole du Saint-Siége, Joaquim Navarro-Valls,
fait une déclaration remarquée. « Le fait qu’il n’y ait pas de
relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l’Etat d’Israël
n’implique pas que le Saint-Siège ne reconnaisse pas l’Etat d’Israël.
Il doit être clair que le Saint-Siège n’a jamais mis en doute
l’existence de l’Etat d’Israël depuis sa déclaration d’Indépendance
». Mieux, le porte-parole énumère les preuves de cette «
reconnaissance implicite », comme l’invitation d’officiels
israéliens à de nombreuses occasions solennelles ou bien leurs
rencontres avec des personnalités du Vatican. Quant aux « relations
diplomatiques » ajoute-t-il, elles dépendent des « circonstances »,
qui parfois s’y opposent et elles peuvent être tardives, comme ce
fut le cas avec les Etats-Unis (1984) ou bien encore la Pologne
(1990). Dans le cas d’Israël, les difficultés sont liées à « la
présence d’Israël dans les territoires, les relations avec les
Palestiniens, l’annexion de la Ville Sainte de Jérusalem ainsi que
la situation de l’Eglise catholique en Israël et dans les
territoires qu’elle administre », ajoute-t-il. C’est ici que la
Conférence de Madrid joua un rôle déterminant. Elle permit de croire
que le dernier obstacle était en passe d’être levé. Comme s’il
n’attendait que cela, le Vatican s’engouffre aussitôt dans la brèche.
Une commission bilatérale est mise en place dès le mois de juin 1992
« en vue de parvenir à une normalisation des rapports » entre le
Saint-Siège et l’Etat d’Israël. Un temps record si l’on considère
que la diplomatie vaticane est généralement peu empressée. L’un des
négociateurs israéliens, le rabbin David Rosen, évoque une de ses
conversations de l’époque. « Quelqu’un du Vatican m’a dit alors :
‘Si les Palestiniens parlent avec vous, alors pourquoi pas nous’ ».
Ensuite, les choses iront très vite, à l’instar des pourparlers
entre Israéliens et Palestiniens. Les Accords d’Oslo sont signés en
septembre 1993 à Washington sous le regard des caméras du monde
entier. L’ « Accord sur quelques principes fondamentaux » entre
Israël et le Vatican suit de peu. Il est paraphé à Jérusalem, le
30/12/93, dans l’indifférence générale du monde occidental, qui
prépare la Saint-Sylvestre. Pourtant, le texte est historique au
regard des vingt siècles précédents. Comme le souligne, le Père
Marcel Dubois, « le préambule de l’accord rappelle avec une ferveur
assez inusitée dans les documents juridiques l’esprit dans lequel le
Saint-Siège et l’Etat d’Israël ont collaboré. »
L’accord fondamental : un texte unique pour une réconciliation
historique Le texte, qui va permettre « l’établissement de relations
diplomatiques pleines et entières » commence par ses mots : «
Attentifs au caractère singulier et à la signification universelle
de la Terre Sainte, Conscient de la nature unique de l’amitié entre
l’Eglise et le Peuple juif, du processus historique de
réconciliation, de la croissance dans la compréhension mutuelle et
l’amitié entre les catholiques et les juifs » … L’allocution faite à
cette occasion par Yossi Beilin, vice-ministre des Affaires
étrangères d’Israël, souligne en quelques mots, l’importance de ce
document. « L’Accord, que nous signons aujourd’hui est signé entre
un petit Etat et un autre encore plus petit. Mais son impact s’étend
au-delà de ses frontières géographiques pour toucher les cœurs de
millions de juifs et de plus d’un milliard de chrétiens à travers le
monde. (…) Derrière cet Accord, il y a des milliers d’années
d’histoire, remplies de haine, de peur et d’ignorance – et quelques
ilôts de compréhension, de coopération et de dialogue. Derrière cet
Accord, il y a très peu d’années de lumière, et trop d’années
d’obscurité. (…) Cet Accord constitue une victoire de la raison,
pour le peuple juif et pour l’Etat d’Israël. » [1]