Mgr Bernard Podvin :
« La famille n'est pas une notion extensible à l'infini »
Nous pensons que la famille
n'est pas une notion extensible à l'infini puisqu'elle est le lieu
de la naissance et de la filiation, le lieu où les enfants naissent
et sont éduqués (l'adoption relaie la naissance et entre dans ce
modèle). Dès lors, les liens familiaux ne sont pas d'ordre
contractuel, ils ne sont pas malléables à merci. La psychologie a
montré avec précision tout ce qu'un enfant doit, pour sa croissance
intime, à sa relation à son père et à sa mère, c'est-à-dire aux deux
êtres dont il a reçu la vie. La relation d'enfantement et de
filiation est tout à fait spécifique, impliquant une responsabilité
sans équivalent.
Le tiers qui intervient dans cette relation, comme nouveau compagnon
ou époux d'un des deux parents, est d'abord vécu comme un
concurrent. Il est évident que le travail social aidera cette
personne à assumer une partie des rôles parentaux et à vivre des
relations apaisées avec les enfants. En fait, par la loi de mars
2002, elle peut déjà se voir attribuer une délégation d'autorité
parentale pour les actes de la vie courante. Mais le rôle n'est pas
la fonction.
Définir un lien de parenté entre l'enfant et le nouveau compagnon du
père ou de la mère affaiblira le lien qui unit l'enfant à son autre
parent d'origine, voire à le concurrencer douloureusement. Derrière
cette soi-disant "défense de l'enfant" se tient surtout la défense
de l'intérêt des adultes qui souhaiteraient voir le corps social
valider la précarité de leur vie conjugale. On peut dès lors se
demander combien de fois le processus pourrait se répéter et à
combien de figures parentales l'enfant serait confronté. Il est
étonnant que l'on se soucie de donner un statut civil au lien entre
le nouveau compagnon et l'enfant alors que l'on se désintéresse de
ce statut lorsque la relation est le concubinage.
Mgr Bernard Podvin
Porte parole de la Conférence des Evêques de France